Le rôle croissant des tic en afrique

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont révolutionné la vie moderne, le commerce international, la gouvernance mondiale, la communication, les loisirs, les transports, l’éducation et les soins de santé. Cette situation a été occasionnée par des volumes de production et d’utilisation sans précédent des produits électroniques de consommation, en particulier les ordinateurs personnels, les téléphones mobiles et les téléviseurs. L’accès aux TIC a été identifié comme un indicateur du développement économique et social d’un pays. La différence en matière d’accès entre les pays en développement et les pays développés est communément désignée sous le vocable de « fossé numérique». L’Afrique a subi une transformation rapide en matière de TIC ces dernières années, en tentant de combler ce fossé par l’importation d’ordinateurs personnels, de téléphones mobiles et de téléviseurs usagés ou d’occasion des pays développés. Toutefois, les pays de la région ne disposent pas des infrastructures et des ressources nécessaires pour assurer la gestion écologiquement rationnelle (GER) des déchets que deviennent ces importations lorsqu’elles sont en fin de vie.
D’une part, les grandes quantités non contrôlées de déchets électroniques provenant des équipements électriques et électroniques constituent une préoccupation particulière, puisque ces déchets contiennent des substances dangereuses (par exemple des métaux lourds tels que le mercure et le plomb, ainsi que des substances perturbant les fonctions endocrines comme les retardateurs de flamme bromés). D’autre part, les EEE contiennent également des matériaux de valeur stratégique tels que l’indium et le palladium, ainsi que des métaux précieux comme l’or, le cuivre et l’argent. Ces matériaux peuvent être récupérés et recyclés, servant ainsi de source inestimable de matières premières secondaires, ce qui permet de réduire la pression sur les ressources naturelles et de minimiser leur impact global sur l’environnement. Les évaluations nationales des déchets électroniques menées au Bénin, en Côte-d’Ivoire, au Ghana, au Liberia et au Nigeria ont permis d’investiguer la situation relative aux déchets électroniques, en s’intéressant aux importations d’EEE. Ces tendances ont été analysées suivant des indicateurs économiques et sociétaux plus généraux, en tenant compte de certains facteurs tels que l’Indice de développement humain, le taux d’électrification, le PIB par habitant et le nombre d’abonnés au téléphone mobile et d’internautes. L’utilisation des EEE est encore faible en Afrique par rapport aux autres pays du monde, mais elle connaît une croissance vertigineuse. Par exemple, ces dernières décennies, le taux de pénétration1 des ordinateurs personnels a décuplé, tandis que le nombre de téléphones mobiles a centuplé. Ce taux de pénétration3 signifie qu’en raison de l’intensité du commerce, les personnes bénéficient d’un accès à meilleur prix. Sous cet angle, les importations et le commerce d’EEE apportent un soutien aux Objectifs du millénaire pour le développement en tant que moyen de favoriser l’utilisation des TIC pour assurer le développement durable.
Outre la consommation intérieure, le problème des déchets électroniques en Afrique de l’Ouest a été exacerbé par un flux continu d’EEE provenant des pays industrialisés. Malgré le fait que la majorité de ces équipements importés soit destinée à la réutilisation après leur test et leur réparation, des volumes considérables s’avèrent inaptes à la réutilisation et finissent par accroître la production locale de déchets électroniques. Les données statistiques et la recherche sur le terrain suggèrent que l’Afrique de l’Ouest constitue le principal vecteur du commerce d’EEE usagés sur le continent africain, avec comme plaques tournantes de l’importation le Ghana et le Nigeria. Malgré la difficulté d’obtenir des données sur les EEE neufs et usagés à cause de la non-distinction entre ces deux catégories de produits dans les données statistiques, des études menées au Ghana, par exemple, ont révélé qu’en 2009, les EEE usagés représentaient 70 % des importations. En outre, il a été déterminé que 30 % des EEE usagés importés n’étaient pas fonctionnels et devaient donc être considérés comme des déchets électroniques : la première moitié de cette quantité de déchets a été réparée localement et vendue aux consommateurs, tandis que la seconde était irréparable. On ignore le nombre d’EEE usagés importés ayant fonctionné pendant une durée raisonnable après leur commercialisation. Ces équipements dits « proches de leur fin de vie » peuvent constituer une autre source importante de déchets électroniques importés dans les pays d’Afrique de l’Ouest en tant qu’équipements, mais qui sont devenus des déchets dans un délai relativement court. Toutefois, on considère qu’en 2010, 50 à 85 % de ces déchets étaient produits sur le plan intérieur suite à la consommation d’EEE neufs et usagés de bonne qualité ayant une durée de vie raisonnable. Dans les cinq pays ouest-africains sélectionnés, cette production, qui doit être prise en charge à un certain niveau, est comprise entre 650 000 et 1 000 000 de tonnes par an. A l’instar du Ghana et du Nigeria, les pays important de grandes quantités d’EEE produisent les volumes de déchets électroniques les plus importants. Cette situation est due à l’importation directe d’EEE usagés non fonctionnels et irréparables, ou de déchets électroniques, ainsi qu’à la durée de vie courte des EEE usagés (fonctionnels) par rapport aux EEE neufs. Il est important de noter qu’en valeur absolue, le Nigeria domine la région en ce qui concerne la quantité totale d’importations d’EEE usagés et neufs, le nombre total d’EEE en service et la quantité totale de déchets électroniques qui en résulte. Les taux de collecte varient selon les pays et peuvent atteindre les 95 % dans le cas du Ghana. La quasi-totalité des matériaux collectés se retrouvent dans le secteur du recyclage informel.

ISF
Afrique

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